Marie-Pierre Collin a passé toute sa vie à accompagner les personnes en fin de vie en tant qu’agent social à l’EHPAD de Pordic. Aujourd’hui retraitée, elle n’a cependant pas renoncé à cette vocation puisqu’elle est devenue présidente de l’Association Villeneuve Animation, dont les bénévoles participent à l’animation de l’EHPAD de Pordic. Également membre de la fédération JALMALV (Jusqu’à la mort accompagner la vie) pendant une période, elle a aussi choisi de s’engager aux côtés de l’association Maison de vie, Maison d’envies.
La carrière de Marie-Pierre avait pourtant commencé bien différemment puisqu’après avoir quitté l’école à 14 ans, elle a d’abord travaillé en tant qu’apprentie brossière chez les pinceaux Raphaël. « Je n’étais pas destinée à aller dans le social, mais j’ai senti cette fibre en moi », raconte-t-elle. Une fibre à ce point omniprésente que l’engagement bénévole de Marie-Pierre, qu’on pourrait presque qualifier de deuxième carrière, relève pour elle de l’évidence.
« L’accompagnement de la personne en fin de vie est très important », insiste-t-elle. « Il faut encore donner de l’humain, parce que c’est une personne humaine que nous avons en face de nous. » Formée en gérontologie, notamment sur le bien-être, Marie-Pierre est d’ores et déjà prête à s’engager en tant que bénévole dans la future maison de vie, amenant avec elle les riches valeurs qui sont les siennes et qu’elle résume par cette citation de Patrick Verspieren :
« Accompagner quelqu’un, ce n’est pas le précéder, lui indiquer la route, lui imposer un itinéraire, ni même connaître la direction qu’il va prendre ; mais c’est marcher à ses côtés en le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de ses pas. »
Laisser la liberté à ceux qu’elle accompagne est un principe dont Marie-Pierre a pu noter l’importance, comme lorsqu’il lui a fallu accompagner une ancienne collègue, gravement malade et en soins palliatifs. « Après une ou deux visites, elle ne voulait plus que j’aille la voir parce qu’elle avait du mal à accepter sa déchéance physique. Elle ne voulait pas qu’on la voie comme ça, mais c’était son choix. Alors j’ai cheminé par téléphone avec elle, mais aussi avec sa fille, avec laquelle elle n’avait plus de contacts et qui ne connaissait rien de la vie de sa maman. Par téléphone, ce n’était pas évident, mais c’est une expérience qui m’a appris beaucoup. »
Car si la présence de Marie-Pierre a apporté bien de la douceur au fil des années aux personnes en fin de vie qu’elle a côtoyées, elle aussi s’est enrichie de cette proximité. « Quand on accompagne, il faut être naturel et détendu, il faut savoir écouter sans jugement et il faut apprendre à recevoir en silence. J’ai accompagné récemment une personne en fin de vie à l’EHPAD et j’ai passé un bon moment avec elle. J’ai su l’écouter, et elle m’a apporté beaucoup. »
Pourtant, Marie-Pierre le reconnaît, une certaine force est nécessaire pour accompagner la fin de vie. « Il y a un effet miroir et je me dis souvent : ça pourrait être moi un jour. » Mais pour l’instant, la retraitée pordicaise a encore de l’énergie à revendre et elle l’assure, quand la maison de vie ouvrira ses portes : « je cheminerai pour accompagner ces personnes, naturellement ».