Maison de Vie, Maison d'Envies - Humaniser et accompagner la fin de vie
  • Bretagne, Côtes d'Armor

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Une histoire parmi tant d'autres

  1. Ecouter la nouvelle lue par Michel Philippo et Hélène Blockelet et l'interview de Christine Rault

C’est notre anniversaire de mariage aujourd’hui. Cela ne fait que six ans que nous sommes mariés et pourtant, une éternité semble s’être écoulée. Nous n’allons pas déboucher le champagne. Que fêterions-nous ? Mon mari ne me fera pas danser, il ne m’embrassera pas, il ne me fera pas l’amour. Ni ce soir, ni un autre. « Jusqu’à ce que la mort vous sépare », nous a-t-on dit il y a six ans. Mais comment aurions-nous pu imaginer que la mort prendrait notre couple en premier ?

J’aime ma femme. Je l’aime comme au premier jour. Je l’aime plus encore. Mais pourquoi lui dire ? Pourquoi rendre les choses plus difficiles ? Je sais bien que cet amour n’est plus réciproque. Pourquoi m’aimerait-elle encore après tout ça ? Nous sommes là, tous les deux, dans cette chambre que nous ne partageons plus, et nos regards osent à peine se croiser. J’ai trop lu tristesse et souffrance dans ses yeux, je redoute d’y voir pire encore.

Il évite mon regard, une nouvelle fois. La chambre danse autour de moi. L’espace d’une seconde, je crois que j’ai trop bu, et puis je me souviens que je n’ai plus bu un verre de vin depuis des lustres. Elles sont loin les soirées étudiantes dans lesquelles nous sortions chaque week-end. C’est d’épuisement que je titube maintenant. C’est d’avoir oublié ce qu’est un sommeil paisible.

Elle croit que je ne vois pas ses mains trembler sous l’effet de la fatigue. Elle croit que je ne vois pas ses yeux bouffis par les larmes. Je fais semblant de ne rien voir. Qu’est-ce que je pourrais bien lui dire de toute façon ? Elle a toujours détesté montrer sa faiblesse, elle nierait tout en bloc. Mais en réalité, le plus faible, le plus lâche, c’est moi. C’est moi qui vais partir.

Il va partir, nous le savons tous les deux. La question, c’est quand ? Je ne sais plus si je dois redouter ou espérer ce moment. J’ai perdu mon mari depuis longtemps maintenant. L’homme qui se tient devant moi n’est plus celui qui me serrait dans ses bras pour me rassurer. Il n’est plus celui qui m’embrassait fougueusement au détour des ruelles. Il n’est même plus celui qui rentrait trop tard du travail le soir.

Je ne suis plus le même. J’aurais tellement voulu être l’homme qu’elle méritait. Je l’ai trahie. J’ai trahi nos projets, j’ai trahi nos espérances, j’ai trahi notre avenir. Voilà que je pleure maintenant.

C’est la première fois que je le vois pleurer. C’est de ma faute, je suis devenue si froide avec lui. Si tout cela est dur pour moi, c’est sans doute pire pour lui. J’ai soudain envie de le prendre dans mes bras, comme autrefois, et je me rends compte que ça fait si longtemps que ce n’est pas arrivé. J’ai oublié d’être sa femme.

Ce n’est pas juste pour elle. Elle était jeune, belle, elle voulait fonder une famille, elle était ambitieuse. Là voilà devenue infirmière pour un malade irritable.

Je n’ai pourtant pas endossé ce rôle par devoir, c’est par amour que je l’ai fait. Mais la maladie ne laisse pas de place à l’amour. Et je suis si…

… fatiguée, elle n’a personne pour l’aider. Je vois bien qu’elle est au bout du rouleau.

Je n’en peux plus, mais je ne veux pas l’abandonner. Il a besoin de moi.

Je vais l’abandonner, mais j’ai tant besoin de la voir encore sourire avant de partir.

Je serai là jusqu’au bout, et puis je resterai seule…

… dans cette maison, notre maison. Au lieu de s’emplir de cris d’enfants comme nous l’avions prévu…

… c’est son dernier souffle que j’y entendrai à jamais.

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