• Bretagne, Côtes d'Armor

L’origine du projet en 4 questions

L’origine du projet en 4 questions

C’est en 2015 que la rencontre de trois professionnels du milieu médico-social, Xavier Durand, Christine Rault et Nathalie Tardy (qui s’est depuis retirée du bureau tout en restant membre de l’association), a fait germer pour la première fois l’idée de la création d’une maison de vie sur le territoire costarmoricain, en Bretagne. Christine Rault et Xavier Durand, respectivement présidente et vice-président de l’association Maison de vie, Maison d’envies qu’ils ont créée en octobre 2016, reviennent sur la genèse d’un projet qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Pourquoi avoir commencé à créer un projet autour de la fin de vie ?

Les fondateurs reviennent sur l'origine du projet de maison de vie en Bretagne

Christine : Pour moi qui travaillais dans un réseau de soins palliatifs qui accompagne des personnes à domicile, c’est parti d’un constat sur le terrain : les gens peuvent se retrouver seuls ou les aidants en difficulté sans pour autant qu’il y ait besoin d’une hospitalisation, mais plutôt d’un répit dans un lieu où ils se sentiraient entourés.

Xavier : Nous nous étions tous les trois retrouvés à l’EHPAD de Saint-Quay-Portrieux autour de valeurs et de convictions communes. En discutant de ce qu’on aimerait pouvoir créer, on s’est attardés sur la fin de vie : le terme accompagner avait pour nous une résonance particulière. Nous avions vraiment la volonté d’accompagner les personnes jusqu’au bout en les laissant libres de choisir leur chemin.

Christine : L’idée était aussi de changer le regard qu’on a sur la mort et de montrer qu’on peut vivre des moments d’une rare intensité en fin de vie aussi. « Lorsqu’il n’y a plus rien à faire, ce qui reste à entreprendre est peut-être l’essentiel », disait Christiane Jomain, infirmière. C’est cet essentiel que
nous souhaitons mettre en valeur.

Cet accompagnement de la fin de vie n’existait pas encore ?

Christine : L’accompagnement de fin de vie existe aussi bien à l’hôpital qu’au domicile et il y a un travail extraordinaire de fait. Notre projet, c’est la volonté d’offrir une alternative entre le domicile et l’hôpital. Le Docteur Le Mee, alors responsable de l’unité de soins palliatifs du Pôle Santé de Guingamp, nous a encouragés dans ce projet qui, pour elle, répond parfaitement à la problématique de la filière qu’elle espère voir complétée harmonieusement et avec intelligence sur le territoire.

Xavier : On a tout de suite vu aussi que c’était un projet qui pouvait toucher beaucoup de gens. Christine nous apportait quasiment chaque jour des situations de personnes seules, isolées à domicile, et dont la situation ne relevait pas toujours de l’hospitalisation.

L’idée première de la maison de vie date de 2015, comment a-t-elle évolué depuis ?

Xavier : Les premières années nous ont servi à en poser les bases en termes de philosophie. Quelle maison voulions-nous ? Nous avons d’abord écrit le projet puis créé l’association en octobre 2016. Très vite, nous avons rencontré le maire de Pordic ainsi que la vice-présidente aux affaires sociales du conseil départemental qui ont tout de suite apprécié le projet et nous ont encouragés à
poursuivre.
Au fur et à mesure de nos recherches, on a vu qu’il existait une maison de vie à Besançon. C’était un projet qui ressemblait beaucoup à celui qu’on avait et c’est ainsi qu’on a continué à se développer sur ce modèle.

Une maison de vie est un projet de grande ampleur dans lequel vous vous investissez tous deux de façon bénévole tout en menant de front votre carrière professionnelle. Pourquoi avoir fait ce choix malgré les contraintes que cela implique ?

Xavier : Je crois qu’on ne tombe pas dans ces métiers par hasard. L’aspect humain est primordial et nous avons à cœur de mettre l’humain au centre de notre réflexion. Même si nous sommes très pris, nous sommes toujours à la recherche de l’amélioration des conditions de vie, de confort et de bien-être pour la personne qui souffre et a besoin d’aide.

Christine : C’est vrai, c’est cette dimension humaine qui nous accompagne. Aujourd’hui, nous avons rejoint le Collectif National des Maisons de Vie qui s’est créé autour de Laure Hubidos, fondatrice de la Maison de Vie de Besançon et nous travaillons de concert avec l’Association Ti An Traezh dans le Finistère qui a un projet identique au nôtre. Nous sommes portés par l’enthousiasme de partager et de défendre de tels projets humanistes en Bretagne.

Il y a encore une vingtaine d’années, rien ne prédestinait Xavier Durand à une carrière dans le milieu social. Breton exilé à Paris, il a d’abord obtenu une maîtrise de droit des affaires puis un DU de commerce international. Sa vie, il aurait dû la passer dans le milieu commercial. Mais alors s’est profilé le service militaire, qui ne l’enthousiasmait guère, et Xavier a demandé à le remplacer par un service civil auprès des personnes âgées ou handicapées. Il s’est alors retrouvé pendant dix mois au centre communal d’action sociale de Chatellerault, chargé de la mission totalement nouvelle pour lui de créer du lien entre les personnes âgées et handicapées à domicile et les établissements. Ce fut une révélation: il mit en place une bibliothèque ambulante, organisa des rencontres, emmena un groupe assister à l’émission Questions pour un champion… « Pour moi ça a été génial », confie-t-il. « J’allais les écouter, je mettais du lien partout. »
A l’issue de cette période, Xavier décide de trouver un travail qui pourrait allier ses compétences en droit et en social et il se retrouve délégué à la tutelle. Très vite remarqué pour son travail fructueux, il finit par se voir proposer, en 2002, son premier poste de directeur d’EHPAD. En 2008 il revient dans sa région natale en prenant la direction de l’EHPAD de Saint-Quay-Portrieux et en 2018, de celui de Pordic.
Xavier a parallèlement créé, conjointement avec Christine Rault, une entreprise de formation pour les acteurs du médico-social, CEPAJ.

Christine Rault n’a pas toujours été infirmière, elle non plus. Sa carrière a débuté par un passage de cinq ans dans l’administration, au sein d’une mutuelle, puis elle a passé le diplôme d’aide-soignante avant de tenter, avec succès, le concours d’infirmière. Diplômée à 30 ans, elle a commencé par travailler là où les besoins se faisaient principalement sentir, c’est-à-dire de nuit et dans des services réservés aux personnes âgées.
C’est ainsi que lorsqu’elle a postulé pour devenir infirmière coordinatrice à l’EHPAD de Saint-Quay-Portrieux, elle a fait la connaissance de Xavier, nouveau directeur de l’établissement, qui l’a embauchée en vertu des valeurs communes qu’ils partageaient. Pour Christine, souvent déçue sur de nombreux points lors de ses précédents postes, c’est un nouveau départ : « je me suis dit, enfin, c’est possible de faire bouger les choses ! ».
A présent, Christine travaille à mi-temps dans une PTA (plateforme territoriale d’appui), avec pour objectif d’accompagner les situations complexes dans le parcours de santé, et à mi-temps pour l’entreprise de formation CEPAJ qu’elle a créée avec Xavier.

Son investissement et son expérience au sein du Réseau Pallia pendant plusieurs années ont également été déterminants pour la mise en place du projet de création d’une maison de vie.

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